Thiarra Diagne, agent technique gestion des connaissances, EpiC Sénégal
Version française ci-dessous. English version follows.
La pandémie à COVID-19 est responsable de plus de 550 millions d’infections et 6 millions de décès dans le monde depuis le début de 2019. Depuis 2022, l’OMS a recommandé l’utilisation de médicaments antiviraux Paxlovid et Molnupiravir pour le traitement des patients atteints de COVID-19 et susceptibles d’en développer des formes graves. Des études ont montré que ces médicaments antiviraux, utilisés précocement, réduisent la CV et par conséquent la transmission et sévérité de COVID-19. Entre août 2022 et mars 2024, le projet EpiC a apporté son soutien au ministère de la Santé et de l’Action sociale au Sénégal dans la mise en œuvre d’un projet pilote d’introduction des médicaments antiviraux—connu sous le nom de projet Tester et Traiter (T2T) – dans quatre districts, dont trois à Dakar (DS SUD, S Centre, DS Guédiawaye) et un à Thiès (DS Thiès).
En février 2024, les parties prenantes du projet aux niveaux central, opérationnel et communautaire se sont réunies pour réfléchir à ce qui a bien fonctionné et aux domaines à améliorer. Trente-cinq médecins, travailleurs communautaires, partenaires locaux, et ONG de divers secteurs ont participé à la réunion d’apprentissage. Ce blog résume les principaux facteurs de réussite et les défis auxquels le projet a été confronté, ainsi que les recommandations pour les futures urgences sanitaires.
Le succès du projet a été attribué à plusieurs facteurs clés :
- Une approche participative et inclusive impliquant toutes les parties prenantes garantissant un large engagement.
- Les efforts de renforcement des capacités ont ciblé tous les acteurs, y compris les médecins traitants, les membres de la communauté, et le personnel des postes de santé.
- L’implication des déléguées de quartier et des chefs religieux a encore renforcé les liens communautaires.
- Une coordination efficace au niveau du district, y compris le recours à la radio communautaire et commerciale, a facilité la mise en œuvre fluide du projet.
- La disponibilité des médicaments et le redéploiement des antiviraux au niveau du district étaient cruciaux.
- Des procédures opérationnelles standard ont été élaborées et utilisées pour maintenir la cohérence.
- Des activités de visites à domicile, une mobilisation communautaire, et des efforts visant à accroitre la demande ont été mis en œuvre pour améliorer la sensibilisation.
- Des équipements de protection individuelle ont été mis à disposition pour assurer la sécurité du personnel clinique.
- Un système de suivi et d’évaluation robuste a été mis en place, permettant la saisie de données de qualité et la mise en œuvre d’un plan d’amélioration de la qualité.
Les participants ont identifié plusieurs défis lors de la mise en œuvre du projet et ont formulé des recommandations pour les résoudre, notamment :
- Garantir l’appropriation aux niveaux national, infranational, et opérationnel des établissements était crucial, parallèlement au renforcement des capacités de toutes les parties prenantes, y compris les médecins traitants, les membres de la communauté et le personnel des postes de santé.
- Le manque de matériel de formation et les difficultés liées à la disponibilité des produits au sein de la chaine d’approvisionnement étaient des préoccupations majeures.
- L’intégration de produits comme Paxlovid et les tests de diagnostic rapide dans la chaine de distribution de la Pharmacie nationale d’approvisionnement du Sénégal étaient essentiels mais s’e sont avérés se heurter à plusieurs obstacles opérationnels et politiques.
- Un plaidoyer en faveur de postes dédiés dans les budgets de l’Etat ou d’un transfert plus stratégique du soutien des donateurs a été recommandé pour renforcer le budget de la chaine d’approvisionnement.
- La nécessité de renforcer la pharmacovigilance et de gérer les stocks de produits pour anticiper les pénuries a également été souligné.
- Une gestion efficace des données, y compris la collecte et la saisie hebdomadaire des données pour tous les sites, était nécessaire. Le personnel de santé a été formé à l’utilisation d’un système de suivi des données basé sur DHIS2, codéveloppé par le ministère de la Santé et EpiC.
- Il a été suggéré de fournir suffisamment de tablettes et d’ordinateurs portables pour la saisie des données en temps opportun afin de faciliter ce processus.
- Maintenir la disponibilité d’un traitement gratuit contre la COVID-19 et harmoniser les critères d’éligibilité au traitement étaient des objectifs importants.
- Il a été recommandé d’élaborer des lignes directrices du projet au niveau central pour une utilisation opérationnelle et d’effectuer des visites de courtoisie auprès des directeurs régionaux de la santé et des médecins-chefs de district.
- Les extensions échelonnées du projet ont perturbé les contrats de sous financement et les arrangements en matière de personnel avec les organisations communautaires et les media locaux, affectant la bonne mise en œuvre des activités et érodant potentiellement l’adhésion de la communauté au projet.
- La décentralisation de la gestion des antiviraux vers les postes de santé reflétait une nouvelle approche de réponse à l’épidémie, mais soulevait des inquiétudes quant à l’application incohérente du protocole et à la perte de suivi des cas confirmés.
- La diffusion de l’algorithme de gestion Clinique au niveau du poste de santé avec une supervision formative régulière, un mentorat clinique et un soutien de suivi opérationnel a été suggéré pour mieux harmoniser la gestion clinique été opérationnelle des nouvelles thérapies antivirales et le flux de travail clinique de la stratégie T2T.
Les participants ont réfléchi sur leur expérience avec le projet pilote Tester et Traiter de COVID-19 et ont identifié des recommandations clés pour mieux préparer le Sénégal aux futures urgences sanitaires :
- Intégrer tous les acteurs aux niveaux central, opérationnel, structurel, et communautaire pour une approche plus participative de la planification, de la coordination, et de la conception du projet.
- Activer une stratégie One Health englobant les services nationaux, départementaux, régionaux, et locaux dans les secteurs animal, humain, et environnemental afin de mieux se préparer aux menaces des maladies infectieuses émergeantes et re-émergeantes.
- Développer une stratégie de communication solide pour promouvoir une diffusion efficace de l’information et décourager la désinformation sur les media sociaux et traditionnel afin d’éduquer, de plaider et de gagner la confiance et l’adhésion de la communauté sur l’importance de la stratégie T2T dans la réponse à COVID – et le potentiel de la stratégie T2T pour mieux répondre aux urgences de santé publique.
- Améliorer les conditions de travail, les structures de soutien et l’accès à une formation et un mentorat actualisé pour les agents de santé, en particulier dans le contexte de modèles nouveaux ou innovants de prestation de services. Lorsque les agents de santé apportent leur soutien, ils sont mieux à même de fournir des soins de haute qualité et de contribuer à une réponse durable.
- Renforcer la chaine d’approvisionnement, du financement aux systèmes d’inventaire en passant par les réseaux de livraison, et assurer une disponibilité stable des produits au milieu des changements dynamiques d’une urgence de santé publique en évolution.
- Mettre en œuvre un système de suivi rationalisé et en temps réel pour l’évaluation, la collecte de données, et l’analyse afin de garantir une amélioration continue de la qualité et d’éclairer l’allocation stratégique des ressources.
Lessons Learned from a COVID-19 Test to Treat pilot project in Senegal
Thiarra Diagne, Knowledge Management Technical Officer, EpiC Senegal
The COVID-19 pandemic has been responsible for more than 550 million infections and 6 million deaths worldwide since the beginning of 2019. Since 2022, the WHO has recommended the use of antiviral drugs Paxlovid and Molnupiravir for the treatment of patients with COVID-19 who are at risk of developing severe outcomes. Studies have shown that these antiviral drugs, when used early, reduce the viral load and consequently the transmission and severity of COVID-19. From August 2022 to March 2024, the Meeting Targets to Maintain Epidemic Control (EpiC) project supported the Ministry of Health and Social Action in Senegal to implement a pilot project for the introduction of antiviral drugs—known as the Test to Treat (T2T) project–in four districts, including three in Dakar (DS SUD, S Centre, DS Guédiawaye) and one in Thiès (DS Thiès).
In February 2024, project stakeholders from the central, operational, and community levels convened to reflect on what worked well and areas for improvement. Thirty-five doctors, community workers, local partners, and NGOs from various sectors participated in the learning meeting. This blog summarizes the key success factors and challenges that the project faced, as well as recommendations for future health emergencies.
The success of the project was attributed to several key factors:
- A participatory and inclusive approach involving all stakeholders ensured broad engagement.
- Capacity-building efforts targeted all actors, including attending physicians, community members, and health post staff.
- The involvement of neighborhood delegates and religious leaders further strengthened community ties.
- Effective coordination at the district level, including the use of community and commercial radio, facilitated smooth project implementation.
- The availability of medicines and the redeployment of antivirals at the district level were crucial.
- Standard operating procedures were developed and utilized to maintain consistency.
- Home visits, community mobilization, and demand generation were implemented to enhance outreach.
- Personal protective equipment was made available to ensure safety for clinical staff.
- A robust monitoring and evaluation system was put in place, allowing for the entry of quality data and the implementation of a quality improvement plan.
Participants identified several challenges during project implementation and provided recommendations to address them, including:
- Ensuring ownership at the national, subnational, and facility operational level was crucial, alongside capacity building for all stakeholders, including attending physicians, community members, and health post staff.
- Lack of training materials and challenges with availability of commodities within the supply chain were significant concerns.
- Integrating commodities like Paxlovid and rapid diagnostic tests into the National Supply Pharmacy of Senegal’s distribution chain was essential but proved to have several operational and policy barriers.
- Advocacy for dedicated line items in the state budgets or a more strategic handover from donor support was recommended to bolster the supply chain budget.
- The need to strengthen pharmacovigilance and manage the inventory of commodities to anticipate shortages was also highlighted.
- Effective data management, including weekly data collection and entry for all sites, was necessary. Health personnel were trained to use a DHIS2-based data tracker system which was co-developed by the MOH and EpiC. Providing enough tablets and laptops for timely data entry was suggested to facilitate this process.
- Sustaining the availability of free COVID-19 treatment and harmonizing treatment eligibility criteria were important goals.
- Developing project guidelines at the central level for operational use and conducting courtesy visits to Regional Directors of Health and District Chief Medical Officers were recommended.
- Staggered project extensions disrupted subaward contracts and staffing arrangements with community-based organizations and local media, affecting implementation and potentially eroding community buy-in to the project.
- Decentralizing antiviral management to health posts reflected a new epidemic response approach but raised concerns about inconsistent protocol application and loss to follow-up of confirmed cases.
- Disseminating the clinical management algorithm at the health post level with regular supportive supervision, clinical mentorship and operational follow-up support was suggested to better harmonize clinical and operational management of new antiviral therapies and clinical workflow of the T2T strategy.
Participants reflected on their experience with the COVID-19 Test to Treat pilot project and identified key recommendations to better prepare Senegal for future health emergencies:
- Integrate all actors at central, operational, structural, and community levels for a more participatory approach to planning, coordination, and project design.
- Activate a One Health strategy encompassing national, departmental, regional, and local services across animal, human, and environmental health sectors to better prepare for emerging and re-emerging infectious disease threats.
- Develop a robust communication strategy to promote effective information dissemination and discourage misinformation on social and traditional media to educate, advocate and gain trust and buy-in among the community about the importance of the T2T strategy in both COVID-19 response – and the potential of the T2T strategy to better respond to future public health emergencies.
- Improve working conditions, supportive structures, and access to up-to-date training and mentorship for health workers, especially in the context of new or innovative models of service delivery. When health workers are supported, they are better able to provide high-quality care and contribute to a sustainable response.
- Strengthen the supply chain, from financing to inventory systems to delivery networks, and ensure stable availability of commodities amidst the dynamic shifts of an evolving public health emergency.
- Implement a streamlined, real-time monitoring system for evaluation, data collection, and analysis to ensure continuous quality improvement and inform strategic resource allocation.
Featured image: Doctor holding a positive result for COVID-19 with test kit for viral disease COVID-19 2019-nCoV. Stock Photo | Adobe Stock